Départ du club le 27 octobre à 6h35. C'est rude mais on ne l'a pas regretté ensuite .
Arrivée sur le bord du Couesnon vers 7h50. Il fait encore nuit et l'eau n'est pas encore là (marée de 109). Le temps de se préparer et nous embarquons à 8h40, l'eau est là.
Il fait gris et brumeux. Le tour du Mont est toujours aussi magique. Les japonais nous regardent des remparts. Le temps de leur dire Sanoraya et nous prenons le cap de Tombelaine. débarquement pour certains pendant que François taille une bavette à des kayakiste de Betton dont nous avons croisé la route (ils ont embarqué à Genêts). Ensuite direction le nord-ouest mais en fait c'est le GPS de François qui nous guide. Avons un peu l'impression d'aller un coup à droite, un coup à gauche. Les phoques que nous croisons se marrent. Mais à force d'aller dans le zig et dans le zag nous arrivons vers midi sur une dune découverte devant Saint Broladre ou nous rejoignons les collègues de Betton.
La marée descend encore et nous réembarquons pour trouver le banc des Ermelles qui est encore sous l'eau. Nous sommes en radeau et nous attendons sur Zone. Mais lorsque Olivier déclare "on est là ou on va" nous savons que nous allons là ou on est (j'ai pas bien compris). D'ailleurs le crassier découvre.
Nous débarquons et nous installons le camp de manouches habituel. Nous invitons les collègues de Betton à table. Ils sont un peu étonnés de voir l'organisation Tévienne en ce qui concerne la stratégie de l'apéro.
Mais soudain, drame, nous découvrons que le cubi de rouge est resté dans le camion. Et Yves ne supporte pas le blanc ! Nous n'avions donc une seule bouteille de rouge à déboucher (et le cubi de blanc quand même). Après enquête des enquêteurs il se trouve qu'il y a un con le matin qui a demandé "est ce qu'il faut prendre le cubi de rouge ?" Et il y a un abruti qui a répondu "non pas la peine". Comme quoi on pause toujours trop de questions des fois. En tout cas Yves à frôlé l'apoplexie. Patrick a bien essayé de mélanger du cassis avec du blanc, au moins ça a la couleur du rouge. Mais quand même c'est pas pareil au goût. Ensuite, sieste pour certains sous un petit soleil qui fait de timides apparitions. Peu de vent, il fait doux, on est les rois...
Pour nous réveiller François entame une conversation sur les dernières nouveautés en matière de séries américaines sur le câble. Il y en a une surtout que François aime bien. C'est des histoires de dames qui vont avec des dames et elles se rencontrent sous la douche. Drôle d'endroit pour une rencontre. Mais François aime beaucoup cette série (il se lève même la nuit pour la voir) mais il nous a dit de ne pas en parler à Martine. Je ne comprend pas pourquoi, il n'y a pas de mal à voir des histoires de douches.
Bon, après un peu de pêche aux moules (hem, décidemment...) nous faisons un peu de portage pour gagner du temps sur la marée. Nous embarquons vers 17h, ceux de Betton sont partis au moins une heure avant nous. Direction vers le nord-est. François voudrait arriver au Nord de Tombelaine. Sur le conseil de l'encadrant de Betton nous devrions retrouver ensuite le lit du Couesnon. Nous naviguons une heure au milieu des bouchots de moules. C'est une peu monotone. C'est ensuite que ça se corse car nous devons slalomer entre les bancs de sable et les rouleaux qui les recouvrent peu à peu.
Nous avons vaguement l'impression que la baie nous enferme dans ses pièges, d'autant que le jour baisse. D'ailleurs nous sortons les frontales au cas ou. A u moment nous nous rendons compte que nous avons rattrapé la marée et que nous n'irons pas plus vite qu'elle. Elle se joue de nous en nous mettant en vrac au bord du sable en nous poussant les uns sur les autres. C'est là que l'on constate qu'elle va vraiment à la vitesse d'une cheval au galop. Le problème c'est que nous chevauchons le cheval sans selle....Au loin nous voyons Luc qui est resté bloqué sur un banc de sable et qui doit se battre pendant dix minutes pour en sortir.
Un hélico de la protection civile nous survole à deux reprises mais il repart. Il est 19 heures quand nous touchons Tombelaine et le couché de soleil est très beau à ce moment. L'abbaye s'illumine et c'est vraiment magique. Mais il y a encore de la route. Nous touchons un contre du Couesnon et nous arrivons sur le Mont à au moins 10 kilomètres heures, dixit le GPS.
Nous passons à droite du Mont. Il y a du monde à regarder la marée montante et il nous prennent en photo, car les flash crépitent. On se demande un peu pourquoi. On va vite comprendre. Car soudain, dans l'entrée du Couesnon, 10 minutes de folie vont commencer ! On a juste oublié un truc. Le mascaret....Nous comprenons trop tard. Nous sommes dessus à 8 de front, il fait nuit, et le mascaret est balaise....
C'est tout de suite la guerre.
Nous nous engouffrons à plus de 10 kilomètres à l'heure dans le premier virage. Et c'est le sauve qui peut. Sur ma gauche je vois un kayak sur le capot qui vole dans les airs, c'est Bénédicte qui baigne. A ma droite je dépasse dans un éclair Patrick qui s'accroche à la rive avec quand même son kayak à la main. "une rouste mémorable ! "dira t il plus tard aux journalistes.
En fait il a raté le virage, décapité au passage le talus et a fini par planter son masque (nez, bouche, oreilles) dans la glaise. Je me retrouve dans un gros contre, moitié dans la vase, moitié sur l'eau qui va dans tous les sens. Je croise Luc qui va dans le sens contraire à la vitesse de l'éclair.
Il me gueule quelque chose, "ga bu zo meu" , je crois. Visiblement il ne se rappelle plus de son nom. ça gueule de partout j'entend Olivier appeler sa mère, Yves, dire que c'est encore un coup du Fâcheux et des forces réactionnaires, Bénédicte qui murmure "bbleblegeinnnble". Je m'inquiète pour Claude car le l'ai vu partir tout shuss dans la Vague et j'espère qu'il va s'arrêter avant le barrage. Je l'imagine les dents plantés dans les échafaudages des travaux en cours. ça fait froid dans le dos d'imaginer ça quand même.
Les frontales font comme des éclairs dans la nuit. De la rive ça devait être chouette à voir. En tout cas la fine fleur de la chevalerie Tévienne est hachée menu par le Couesnon sous l'oeil goguenard de Saint Michel tout la-haut à 98 mètres de hauteur. Depuis l'invasion des Huns en l'an 544 il n'avait jamais vu pareil spectacle.
Et presque soudain, tout s'arrête. Le Couesnon s'est rempli et nous fait grâce. Patrick rembarque dans son coin mais il a perdu sa pagaie, Yves et Olivier aident Bénédicte a embarquer. Au passage bravo à Yves qui a réussi à récupérer le bateau de Béné dans cette furie. Nous arrivons enfin au débarquement dans le calme sous la pleine lune qui a fait son apparition. François et Claude sont là. Ouf tout le monde est là.
Deux bains et une pagaie perdue, on s'en sort bien. Débarquement vers 21 h je crois. Et nous rentrons. Bénédicte prend le volant et les gars se lâchent dans le camion. Blagues idiotes et salaces, on sait faire. Mais faut comprendre c'est les nerfs qui lâchent. Au club vers 22 h, retour chez moi à près de 23h.
En première analyse,
- nous étions trop tard dans la saison.
- Avec une heure de soleil en plus l'histoire aurait été différente.
- C'est une sortie à faire désormais début septembre.
Ensuite ce n'est pas une sortie pour débutants, il faut des confirmés. Elle peut être, au moins en partie, techniquement facile. Mais elle est longue et la baie peut piéger facilement on en a eu la preuve.
En tout cas on s'en rappellera. Mais ce fut quand même un belle sortie. J'ai bien dormi ensuite mais j'ai fait des cauchemars.
A+ Daniel
Au générique du film il y avait Luc, François, Bénédicte, Patrick, Yves, Claude, Olivier et moi même.